LE GROIN D'ORPHÉE
Par
Rodolphe Corrion
Ce texte a été composé en février 2024, dans le cadre d'un concours poétique sur le thème « Créez un poème adoptant le point de vue d'un animal sauvage du continent européen » initié par le festival suisse Printemps de la Poésie et la revue Salamandre.
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui chante
J'ai sauvé le monde une fois
Varâha furieux j'ai sorti la terre meuble de l'eau lourde
Et depuis je me vautre à loisir dans les boues allègres
J'ai sauvé le monde et joué du groin
Ça vrombit dans mon orchestre doux
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui pleure
Sous l'astre blond je grogne ma vie de chemins ma vie de tout seul tout nu
Le poil dru et l’œil sec je mâche les rebuts qu’on a voulu pour moi
Le monde est sauf pourtant
Le monde est sauf et j’avoisine les ordures
Mes sabots crépitent sur les monceaux de vos mépris
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui crie
Nymphe du chêne dont je savoure les fruits
Ta peau d’écorce m’excite
Oh mordre ton sein chaud avant que le flot ne t’accapare
C’est le Léthé laiteux qui n’attend plus que toi
Je nagerai follement pour te retrouver
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui rit
Oiseaux souterrains et serpents aux plafonds
Dans le royaume sombre je poursuis ma course
La grotte est le miroir du monde bordel théâtre fou
Ça coasse au-dessus et je marche dans les pas du ciel
Mes sabots me portent et je plaisante avec la nuit
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui meurt
Deux balles bien sèches dans mon flanc
Que ne suis-je Sæhrímnir dévoré chaque soir et ressuscité avec le clair du matin
Deux balles bien sèches qui me couchent
Monde sauf grâce à moi pourtant
Mais je ne serai jamais du festin des dieux
Ma tête est mise à prix
L’or de mes pas me condamne à la traque
Ma Nymphe disparue j’erre comme un damné
Deux balles bien sèches qui m’arrêtent
Orphée mon doux joue encore un peu tandis que j’agonise
Tandis que l’on me dépèce et me cuisine
Hélas pas pour le banquet des dieux
Hélas pas pour me fêter
Ce texte a été composé en février 2024, dans le cadre d'un concours poétique sur le thème « Créez un poème adoptant le point de vue d'un animal sauvage du continent européen » initié par le festival suisse Printemps de la Poésie et la revue Salamandre.
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui chante
J'ai sauvé le monde une fois
Varâha furieux j'ai sorti la terre meuble de l'eau lourde
Et depuis je me vautre à loisir dans les boues allègres
J'ai sauvé le monde et joué du groin
Ça vrombit dans mon orchestre doux
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui pleure
Sous l'astre blond je grogne ma vie de chemins ma vie de tout seul tout nu
Le poil dru et l’œil sec je mâche les rebuts qu’on a voulu pour moi
Le monde est sauf pourtant
Le monde est sauf et j’avoisine les ordures
Mes sabots crépitent sur les monceaux de vos mépris
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui crie
Nymphe du chêne dont je savoure les fruits
Ta peau d’écorce m’excite
Oh mordre ton sein chaud avant que le flot ne t’accapare
C’est le Léthé laiteux qui n’attend plus que toi
Je nagerai follement pour te retrouver
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui rit
Oiseaux souterrains et serpents aux plafonds
Dans le royaume sombre je poursuis ma course
La grotte est le miroir du monde bordel théâtre fou
Ça coasse au-dessus et je marche dans les pas du ciel
Mes sabots me portent et je plaisante avec la nuit
Tu as le groin d’Orphée le groin fou le groin du ru qui meurt
Deux balles bien sèches dans mon flanc
Que ne suis-je Sæhrímnir dévoré chaque soir et ressuscité avec le clair du matin
Deux balles bien sèches qui me couchent
Monde sauf grâce à moi pourtant
Mais je ne serai jamais du festin des dieux
Ma tête est mise à prix
L’or de mes pas me condamne à la traque
Ma Nymphe disparue j’erre comme un damné
Deux balles bien sèches qui m’arrêtent
Orphée mon doux joue encore un peu tandis que j’agonise
Tandis que l’on me dépèce et me cuisine
Hélas pas pour le banquet des dieux
Hélas pas pour me fêter